Stage kata Jion

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Stage Jion 2014-2Ce kata existe dans les Ecoles de Karaté Shôtôkan, Shôrin-ryû, Shitô-ryû, etc. Me. Tokitsu – 9° Dan a reconstitué le kata, avec pour objectif, de se rapprocher du kata originel. Dans le Jisei Karaté-dô, ce kata est présenté sous forme de rintô-gata (voir article ci-dessous : les catégories de kata), c’est-à-dire de kata visant à travailler différents éléments que l’on trouve dans le combat – tonicité, fluidité, explosivité, agilité – proposant en conséquence une trame de concrétisations réalistes.

Quand : le dimanche 11 mai 2014 de 9h30 à 12h. : en raison de la fête des mamans et de manière à ce qu’elles soient honorées, l’horaire a été adapté en conséquence.

: au Centre Sportif de l’Université de Namur, 16 avenue Reine Astrid

P.A.F. : 15 €

Les catégories de kata

Un des problèmes de la pratique des kata provient de l’ambiguïté de leur signification. Pour approfondir le travail sur les kata, il convient de distinguer trois catégories de kata qui sont généralement confondues : rintô-gata (kata de combat), hyôen-gata (kata de présenta­tion) et rentan-gata (kata énergétique ou de renforcement physique).Les rintô-gata sont les kata originels. Ils constituaient autrefois le contenu même de l’enseignement dans la trans­mission ésotérique.Les deux autres catégories de kata ont été élaborées pour faciliter l’accès aux kata d’origine, c’est-à-dire pour obtenir des qualités nécessaires à l’exécution des rintô-gata. Presque tous les kata que nous connaissons aujourd’hui font partie de ces deux catégo­ries, et les rintô-gata sont quasiment oubliés, faisant partie des anciens modes de transmission ésotérique.

Vous pouvez peut-être dire que vous connaissez des kata dont les bunkaï (applications) sont clairs, mais ce n’est pas cette qualité qui détermine le rintô-gata.

Je m’explique plus concrètement. Le kata Sanchin, par exemple, est un rentan-gata typique comme les kata Naïfanchi (Tekki) ou Sêsan (Hangetsu).Cependant, la plupart des kata comportent, en proportions va­riées, des éléments de hyôen-gata et rentan-gata.

Dans cette classification, les rentan-gata, qui sont des kata énergétiques au sens large de ce terme, comprennent certaines séries d’exercices formalisés de qi gong.Les techniques de combat se caractérisent par une mobilité complexe ; les hyôen-gata présentent d’une façon simplifiée, et donc partielle, les mouvements en accentuant les positions typiques pour les rendre plus accessibles, et en leur conférant souvent un aspect cérémoniel.Cet aspect est ac­centué dans les kata qu’on exécute pour la démonstration ; ce sont les kata que nous voyons le plus souvent dans les compétitions sportives de karaté.

Dans les kata modernes, trois catégories sont plus ou moins mélangées, et l’on ne retrouve d’éléments des rintô-gata que dans les toiles de fond des kata. On dit souvent qu’on fait ou non le bunkaï d’un kata.Mais la plupart des bunkaï sont des séries de techniques bien coor­données en vue d’exercices. Les formes plus réelles de techniques de combat ne sont expo­sées que dans les rintô-gata (kata de combat) qui sont beaucoup plus souples et dynamiques que les kata des autres catégories, puisqu’elles reposent sur la forme d’un combat effectif.Même si vous tournez et retournez la plupart des gestes des rentan-gata et des hyôen-gata, une technique véritablement satisfaisante au point de vue de la cadence, de la vitesse, de la posi­tion du corps en combat fera difficilement surface. Je dis bien « une technique satisfaisante », parce que nous pouvons justifier n’importe quelle technique, si le partenaire est d’accord. Il suffit de voir combien de techniques aberrantes fleurissent avec les kata sous prétexte d’application ou bunkaï. La possibilité de bunkaï n’est pas la preuve qu’il s’agit d’un rintô-gata.Le bunkaï n’est qu’un exercice intermédiaire pour la réalité du combat. Celui qui con­nait bien les bunkaï n’est donc pas forcément capable de faire un combat efficace.Il suffit de regarder attentivement comment on pratique généralement les kata.

Le bunkaï du kata Sêpai est, par exemple, très clair et chaque geste peut constituer un re­père technique intéressant, mais vous savez bien que vous ne faites pas de combat conformé­ment au kata.Il s’agit de séquences gestuelles intéressantes pour s’exercer aux techniques, mais pas du rintô-gata.Car celui-ci est un véritable repère pour le combat, chaque technique y comporte des possibilités de changement en relation avec les réactions éventuelles de l’adversaire. Je pense que les exemples suivants nous aideront à mieux nous rendre compte de ce que sont les rintô-gata et combien ils manquent au karaté d’aujourd’hui.

Le rintô-gata : kata originel

Dans les années d’après-guerre, le défunt maître Yasuji Kuroda de l’école Kaïshu-ryû a un jour combattu contre quatre yakusa armés de sabres courts.Il s’agissait d’une agression et Me Y. Kuroda les avait repoussés en les dominant, avec pour seule arme un éventail.Après cette expérience, il a dit : « Il n’y avait aucune différence entre le kata auquel je m’exerce tous les jours et le combat que j’ai mené.L’affrontement même n’était donc ni amusant, ni intéres­sant. »

Ici Y. Kuroda parle précisément du rintô-gata.Il n’a pas appliqué telle technique contre telle attaque, mais il a agi spontanément comme l’enseigne le kata.Connaissez-vous cette di­mension des kata en karaté ?Personnellement, je ne la connais pas.Vous direz peut-être : « Je suis, ou bien tel maître est, capable de faire le combat comme un kata ». Mais je ne pense pas que nous parlions de la même chose.Pour qu’on puisse mieux se rendre compte de ce qu’est le combat, surtout le combat avec un couteau ou un sabre, je citerai un exemple.

Me K. Kurosaki est le premier karatéka à avoir publiquement combattu contre la boxe thaï­landaise, et il a par la suite, contribué à la création du kick-boxing au Japon.Dans la soixan­taine aujourd’hui, il a la réputation d’être un combattant réaliste, et l’est sans contestation, ayant mené un grand nombre de combats sans règle. Voici ce qu’il expose sur le combat contre une arme dans sa vidéo intitulée « L’entraînement d’un combattant démoniaque »: « Si vous êtes face à un adversaire armé d’un couteau, que faut-il faire ? La réponse est simple : il faut avoir une arme plus longue que la sienne, autrement il faut faire demi tour et courir. Il y a des gens si naïfs qu’ils osent faire des démonstrations de combat à mains nues contre des armes, et ils pensent qu’ils peuvent se battre comme on l’écrit dans une bande dessinée ; ils ne se rendent pas compte du danger qu’implique la lame du couteau. Un aveugle n’ a pas peur d’un serpent. C’est du moins ce que j’ai acquis par mon expérience… »

Par ces deux exemples, nous pouvons comprendre la différence de niveau entre les deux maîtres.Nous pouvons supposer le niveau de l’art du Me Y. Kuroda et aussi l’existence du support technique de l’art du sabre sous forme de kata dans son école. Certes, ce sont des kata d’une grande rigueur qui ont été transmis dans ce mode de transmission sélectif. J’ai pu me rendre compte de cette dimension du kata en étudiant l’art du sabre de cette école.Je ne trouve pas cette dimension dans les kata de karaté d’aujourd’hui.S’il s’agit d’une méconnais­sance, j’en serai heureux, car j’aurais une chance d’apprendre un jour. Mais je ne crois guère en cette éventualité, car le karaté s’est développé justement par ce qu’il a pu mettre en avant les rentan-gata (kata énergétique ou de renforcement physique) et des hyôen-gata (kata de présentation) bien plus accessibles que les rintô-gata (kata de combat).Ces derniers se sont immergés dans la toile de fond des kata depuis le début du 20ème siècle.Rappelons que le ka­raté était une pratique extrêmement sélective. S’il est devenu accessible à tous, ce n’est pas parce qu’on a simplement ouvert la porte d’accès, c’est parce qu’il y a eu des modifications qualitatives importantes du contenu et du mode de transmission.

Je pense qu’un karatéka qui cherche la plus grande valeur du karaté doit élargir la vision de sa recherche jusqu’à la dimension du rintô-gata : kata d’une rigueur extrême, comportant en soi la méthode la plus complète du karaté. Je rappelle que c’est à cause de la difficulté qu’implique cette rigueur qu’ont été produits les rentan-gata et les hyôen-gata qui ont permis la diffusion large du karaté.

Comment peut-on accéder au rintô-gata

Je ne vois qu’une seule manière pour juger si un kata est rintô-gata ou non, et aussi pour re­constituer un rintô-gata à partir des kata réformés. Il faut d’abord étudier le plus grand nombre possible de versions d’un même kata. Vous pouvez ainsi effectuer des comparaisons détaillées sur l’ensemble de la structure technique.Par exemple, le kata Gojûshiho, actuelle­ment enseigné en Shôtôkan, en Shitô-ryû, en Shôrin-ryû, a des variantes dans chacune de ces écoles. J’y relève une dizaine de Gojûshiho. Vous pouvez énumérer le nombre des séquences techniques constituant ce kata.Par une comparaison générale, vous pouvez dégager, pour chacune des séquences, la position des adversaires, la qualité de leurs attaques et la stratégie, et vous pouvez dégager en même temps vos possibilités techniques, la stratégie que vous emploierez, l’attitude corporelle et mentale que vous prendrez,… Vous construisez la situation du combat à partir de toutes ces données et effectuez réellement le combat qui s’approche de cette situation. Vous devez trouver les possibilités et les difficultés.Un grand nombre de difficul­tés vont apparaître.Vous élaborez alors la manière de surmonter toutes ces difficultés. Vous travaillez jusqu’à ce que ces difficultés soient résolues sous une forme satisfaisante pour me­ner le combat le plus réel.Il faut ensuite trouver pour chaque séquence le modèle tech­nique qui répond en même temps à la possibilité de forger la qualité technique que vous y employez. Le rintô-gata se qualifie par une méthode d’un grand pragmatisme.S’il en était autrement, comment un adepte d’antan, sans avoir de temps à perdre, aurait-il pu s’y investir profondé­ment, et pourquoi ces adeptes devaient-ils dissimuler leur art vis-à-vis des autres ?Puisqu’il y avait une richesse réelle, il leur suffisait d’un seul kata.

C’est avec cette perspective que le mène actuellement mes recherches sur le rintô-gata.

La construction d’un rintô-gata

Je prendrai comme exemple d’analyse la première séquence du kata Gojûshiho.

L’objectif technique en est de vous rapprocher assez près de l’adversaire pour lui porter un coup de ura-uchi.
Dans cette séquence, il y a donc deux exigences principales :

1. Avancer rapidement sans recevoir d’attaque de l’adversaire, c’est-à-dire avancer rapidement en maintenant votre protection ; vous ne devez pas vous exposer à l’attaque de l’adversaire.
2. A l’instant où vous frappez en ura-uchi, vous ne devez pas être vulnérable.

La séquence gestuelle du kata doit vous fournir un moyen d’acquérir convenablement ces conditions techniques.Il faut qu’elle vous donne un repère gestuel technique efficace, et qu’en même temps, elle fournisse un modèle de mouvement grâce auquel vous puissiez développer les qualités nécessaires pour réaliser cette technique. Le mouvement y est réaliste en même temps qu’instructif. C’est seulement dans ces conditions qu’en répétant un kata vous pouvez réellement intérioriser la technique. Si vous examinez sous cet angle les kata que vous avez connu jusqu’ici, vous trouverez beaucoup de mouvement néfastes ; par exemple, vous vous écartez de la cadence du combat, vous découvrez votre visage face à une attaque éventuelle de l’adversaire, vous rigidifiez votre corps et vos techniques au lieu de les rendre mobiles. En répétant de cette façon un kata, vous ne pourrez pas obtenir un « corps du budô », un corps apte à produire des techniques efficaces, avec la bonne régulation énergétique qui résulte d’une acti­vation des zones vitales du corps.

J’ai étudié une dizaine de variantes du kata Gojûshiho ; elles ont la même structure globale, mais les détails techniques sont diversifiés. C’est à partir de cette étude, complétée par quelques transmissions orales, que j’ai effectué la comparaison et l’analyse et j’ai fait ap­pa­raître ainsi, pour chaque séquence, l’objectif technique et les principales exigences permettant de le réaliser.

Les variantes d’un kata correspondent à diverses interprétations techniques et aussi à des dé­formations, plus ou moins accentuées de la forme et du contenu stratégique au cours du temps.La valeur d’un kata est sensiblement différente d’une variante à l’autre.

De toute manière, nous pouvons dire que, si le kata Gojûshiho d’une école vous permet, dans cette première séquence, de développer et de maîtriser la capacité d’avancer rapidement vers l’adversaire sans vous laisser exposer de zone vulnérable, ce kata est juste. Autrement, ce n’est pas la peine de s’y exercer. Le kata étant un moyen pratique, la valeur d’un kata se détermine par sa capacité à répondre à l’objectif technique originel, quelle que soit l’étiquette d’authenticité d’un kata, si vous ne pouvez pas trouver en suivant le kata les élé­ments par lesquels vous former vous-même pour répondre à ses objectifs originels, il faut ju­ger que ce kata présente des lacunes.

Kenji Tokitsu

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